Pas un seul titre de Serie A. Pas brillant en Coupe d’Europe. Loin de là. Rien que trois pauvres titres de champion de Serie C, équivalent à la D3 locale. Rien de transcendant, c’est le moindre qu’on puisse dire. D’autant qu’en jetant un coup d’œil rapide aux joueurs francophones passés dans le coin, ça reste dans la catégorie des loosers avec Ibrahima Bakayoko et ses boites de chaussures au pied ou autre Vikash Dhorasso pour 4 mois, plus connu pour se la jouer Steven Spielberg que Mickael Pagis. Donc l’AS Livorno, modeste club en Serie B, ça pue ? Pas tant que ça.
Fondé début des années 1900, par la fusion de deux clubs du coin le Virtus Juventesque et le SPES Livourne, et intégré dès 1919 en Division 1, l’AS Livorno en profite pour faire dès sa première année sa plus belle performance et signe sa saison en finissant vice-champion après sa défaite en finale contre l’Inter Milan (2-3). Perdant, déjà. Dès lors, le quotidien du club se perdra entre Serie B et Serie C, mangeant son pain noir depuis sa création. En fait, à part en 1943 où l’AS Livorno échoue une nouvelle fois à la seconde place derrière cette fois ci, le Torino en Serie A, le club est en partie connue pour faire l’aller retour entre les trois premières divisions italiennes. En partie seulement, car la véritable histoire de Livourne ne s’inscrit pas sur le gazon vert proprement dit.
Car loin de l’idée du supporter italien fasciste, relayé par l’infâme Lazio Rome par ailleurs ennemi juré de Livourne de par ses idées contraires, le cœur des ultras de Livourne était, est et restera rouge. Dans les travées du Stade Armando Picchi (illustre joueur de Livourne ayant fait la majorité de sa carrière à… l’Inter, paradoxe du club) et plus particulièrement dans la Curva Nord, se mêlent joueurs reconnus arborant fièrement le maillot rouge et noir du club et les visages familiers de Lénine ou du Che Guevara. Car l’AS Livorno Calcio n’est pas un simple club faisant avec les moyens du bord. Soutenir ce club c’est une véritable profession de foi dont la flamme rouge ne s’éteindra jamais. A Livourne, l’extrême gauche reste une évidence, d’autant plus que la ville a vu naitre le Parti Communiste Italien en 1921. Populaire par excellence, on supporte d’abord le club du coin, pour ensuite mieux détester l’équipe nationale, pourtant si cher dans le reste du pays.
Plus beau symbole de ce club de football à la communiste, la B.A.L. 99 (pour Brigate Autonome) formé en 1999 est le groupe ultra de Livourne sévissant à la Curva Nord. Créé par de vrais livornesi d’extrême gauche, ce groupe montre à quel point le club bénéficie d’un réel soutien populaire et d’une longue histoire avec le mouvement ultra. Au Stade Armando Picchi, la B.A.L. 99 affiche souvent une longue banderole de 90 mètres qui peut se lire "Brigade Autonomieski Livornieski", preuve des idées soviétiques et des principes staliniens chers à Livourne la Rouge.
Car si Livorno rime avec anti-impérialisme, il fallait bien que le club trouve un empereur sur le terrain, capable de lier les couleurs de sa ville aux principes staliniens. Comme Igor Protti avant lui (autre attaquant légendaire du club), Cristiano Lucarelli est le symbole même du "petit footballeur communiste". Surnommé le "Che" du Calcio et membre fondateur du B.A.L. 99, l’esthète italien vit communiste, comme en témoigne un souvenir comme tant d’autres où lorsque, sous le maillot de l’Italie espoirs, il marque un but au stade de Livourne et se dirige point levé vers le virage nord tout en relevant son maillot pour faire apparaitre l’effigie du célèbre leader cubain. Lucarelli reste attaché à son club de Livourne, lorsqu’il renonce au salaire doré pour le rejoindre et le faire quitter de la Serie B. Dans le Calcio, il apparait comme un illuminé prêchant cette croyance que l’on croyait anéantie, celle de "l’amour du maillot". Cristiano Lucarelli reste donc le symbole d’un véritable phénomène qui prouve qu’il existe un petit village résistant encore et toujours à l’envahisseur, et ce pourrait être bien ce petit port toscan de Livourne…
Bombinov
C'est particulièrement à coté de la plaque de lier stalinisme et la revendication autonomiste des BAL. Le mouvement de l'autonomie ouvrière en Italie s'est justement construit contre le stalinisme et le compromis historique du PCI, notamment à l'automne 69 et en 77. Le Che, pour quelqu'un qui a un peu de culture politique, est d'ailleurs aussi la figure du refus d'aligner la révolution cubaine sur les exigence du komintern et de Moscou (ce qui lui valu d'être pousser au départ par Fidel).
RépondreSupprimerA noter que Lucarelli a écrit un livre (mais je doute qu'il existe en français) à propos de Livorno et de son histoire particulière, la ville s'est peuplé des bannis de la bourgeoise et voisine Pise. Une ville génétiquement de proscrits...
Salut,
RépondreSupprimerDe ce que j'ai lu sur les quelques articles, les membres de la BAL se revendique comme communistes "staliniens".
La BAL est l'un des groupes ultras les plus violents d'Italie et souffrent de nombreuses interdictions de stades pour certains de leurs membres.
D'autre part, en effet, Livourne est une ville prolétarienne, subversive dans l'âme comme en témoigne les nombreux affrontements sous le régime fasciste.
Pour l'anecdote, en plus du no 99 l'année ou s'est formée la BAL, Lucarelli a affrété de sa poche plusieurs cars pour ramener les supporters amaranti qui étaient bloqués à Rome après les incidents contre la Lazio.
La vidéo du but de Lucarelli en Italie espoirs, ici:
http://www.youtube.com/watch?v=QHZ5gyXVwSU
C'est certes un peu reducteur de lier BAL et stalinisme.
RépondreSupprimerY'a de la pluralité communiste chez les BAL: des staliniens, des guevaristes, peut etre même des RobertHue-istes, qui sait?
Le tout avec beaucoup de dérision quand aux "références" (Staline, Che...etc...) mais surtout un vrai engagement d'extreme-gauche pour la plupart.
Le PCI a (presque) toujours été aligné à Moscou, et il a suivi la déstanilisation de Kroutchev. Certains ont tenté de l'"autonomiser", sans vraiment de succès (Berlinguer, le compromis...etc...)
Quand à Livourne la ville, elle a évolué et n'est plus vraiment la ville des proscrits de Pise aujourd'hui.
"Cristiano Lucarelli reste donc le symbole d’un véritable phénomène qui prouve qu’il existe un petit village résistant encore et toujours à l’envahisseur, et ce pourrait être bien ce petit port toscan de Livourne…"
RépondreSupprimerEt le Shaktar ...
Je suis rital et je le reste et dans le coeur et dans les gestes.
RépondreSupprimerLogo copié sur celui du FC Metz.
RépondreSupprimerDeja y'a rien à voir entre les logos, et en plus, j'aurais plutot dit: logo copié par le FC Metz
RépondreSupprimer