lundi 8 juin 2009

Tournoi de Toulon 2009



Argentine – Pays-Bas (4-0)


Arrivé dans la ville qui a contribué à la légende du superbe conteur et accessoirement ancien international du ballon ovale Daniel Herrero, je suis salué par une superbe queue de poisson d'un apprenti conducteur du 83. Je conduis à vue à la recherche d'un panneau Mayol. Après un passage devant un bâtiment de la Marine Nationale et la traversée d'une longue avenue le long du Port, le vieux Mayol se profile sur ma gauche.

Un rapide créneau et me voilà à acheter ma place à une charmante hôtesse de caisse. Bonnus latéral, 10€ la place. Pas cher pour voir ce qui pourrait potentiellement être l'affiche d'une finale de coupe du monde dans quelques années. Je me retrouve en face de la tribune présidentielle.

Mayol semble être un vieux stade. On s'assoit sur des blocs en béton, les sièges sont reservés aux présidentielles en face et aux centrales de la Bonnus. Les petites tribunes derrière les buts semblent être plus récentes. Comme à Guingamp, bon nombre d'appartemments ont vue sur la pelouse. Quelques minots sont même postés sur le toit d'un de ces immeubles.

Je regarde vaguement l'échauffement des deux équipes. Je ne reconnais que Banega à première vue. Un Argentin de petite taille se distingue par de beaux gestes techniques, un mélange entre d'Alessandro pour la patte gauche et Saviola pour la taille et la manière de courir. Je suppose qu'il doit s'agir du très attendu Buonanotte...

Un petit oeil sur les panneaux publicitaires autour du terrain font référence à Aspire, genre d'INSEP à la sauce Qatarie avec des installations haut de gamme dans tous les sports et pour tous les sportifs de différentes nationalités qui souhaitent en profiter. Je suppose que l'équipe du Qatar n'a pas été invitée par hasard du coup.

La sono est mauvaise, je n'entends pas distinctement le nom des joueurs argentins et néerlandais. La première mi-temps n'est pas d'un niveau très intéressant. Les Hollandais jouent dans leur ancestral 4-3-3 avec Bisewar (Feyenoord) et Sarpong (Ajax) sur les ailes. Le capitaine De Roorda me fait bonne impression lors des premières minutes dans sa position de milieu défensif à la Engelaar, régalant par quelques doubles contacts et belles transversales avec son pied gauche.

Les Argentins jouent en 4-4-2 classique avec deux milieux offensifs très libres dans leurs déplacements, à savoir Buonanotte et son faux jumeau Gomez.

Les Oranje sont les premiers en action mais le bon travail des deux ailiers ne porte pas ses fruits. Les Albiceleste jouent comme leurs ainés à l'occasion de leur sortie au Vélodrome il y a quelques mois. Ils ne s'affolent pas, s'efforcent de bien ressortir le ballon et comptent sur les capacités de leurs quatres joueurs offensifs pour éliminer et créer des décalages. Sur un long ballon dans l'axe, les Argentins trouvent l'ouverture. Jara prend le meilleur sur le dernier défenseur hollandais, sans doute grâce à une faute, et marque aisément en un contre un.

Quelque types à ma gauche parlent ballon. Un vieil Algérien se la raconte sur ses exploits d'antan et les foyers Sonacotra où il a fait admirer son jeu de jambes. Un chauve avec le maillot argentin devient bien vite l'attraction de l'assistance. Encourageant ceux qui semblent être ses compatriotes en espagnol, il est bien vité interrogé sur sa provenance. J'écoute d'une oreille distraite en regardant la fin de ces 40 minutes liminaires. Le type raconte une histoire qui semble peu crédible. Un père argentin, une naissance en Suisse, une carrière en pro en Suisse et en France (Mulhouse, St-Etienne)... Bien vite, quelqu'un lui demande son nom. Nestor Subiat. Pour en avoir le coeur net, Google Images sera mon juge. Et effectivement, ce type est bien Nestor Subiat. Je profite de la mi-temps pour mater sa page sur Wikipédia : le mec était de la World Cup 1994 avec la Nati ! Il a fait remonter les Verts en 1998. Je l'écoute parler de Chapuisat, Turkyilmaz, les premiers pas de Vogel en pro... Le mec parle aussi de son nouveau taf d'agent, ses relations privilégiées avec les présidents de Boca et River.

La deuxième mi-temps est beaucoup plus aisée pour les Argentins. Les Hollandais ne tiennent plus du tout le ballon et la lourde défense prend l'eau. Aidé par un excellent tandem Banega – Gallucci (River) en 6-8, les quatre offensifs Argentins (Buonanotte de River, Gomez de San Lorenzo, Perotti du FC Séville et Jara d'Arsenal de Sarandi) s'en donnent à coeur-joie avec leur jeu court et des appels de base très bons. Perotti marque un pion grâce à une erreur du gardien batave. Puis vient le quart d'heure Buonanotte. Jusqu'ici bon mais sans plus, l'idole de River se promène. Banega percute dans l'axe, donne le ballon au petit n°9 qui dribble trois joueurs puis se fait découper à l'entrée de la surface. Banega prend le ballon, fait qq pas vers Buonanotte et lui parle. Banega marque d'une Panenka, il l'avait sans doute annoncé à Buonanotte. Ce dernier percutera encore une fois dans l'axe, dribblant quatre joueurs dans la surface mais sa frappe passera de peu à côté. Pour terminer son oeuvre, un coup-franc aux 20 mètres finit dans la lucarne.

4-0. Le score est sévère, l'Argentine n'a pas semblé forcer pour ce premier match alors que les Bataves auront fait illusion 20 minutes.


Les joueurs :



Côté hollandais, De Roorda a commencé fort en milieu de terrain mais il s'est vite essouflé face à la vivacité des deux milieux offensifs argentins. Bisewar a eu qq gestes de classe, dans un style proche de Seedorf. Sarpong a sans doute été le meilleur élément pour les Oranje, constamment dans la provocation balle aux pieds mais il aura été bien seul.



Côté argentin, Marin de Boca n'a pas eu grand-chose à faire dans sa position de défenseur central. Banega serait sans aucun doute titulaire dans n'importe quel club de L1 : gros abattage et surtout une superbe technique en mouvement. Gallucci est moins clinquant dans un rôle de 8 mais il est très propre et souvent bien placé pour couper les offensives adverses. Buonanotte est comme je l'attendais très fort techniquement, privilégiant l'exploit individuel à la bonne passe. Mais il me semble encore court physiquement pour signer directement en Europe. J'ai été très agréablement surpris par Gomez (n°19) que je ne connaissais pas du tout. Très altruiste, belle vision du jeu et bonne technique en mouvement. Pour finir, les deux attaquants et surtout Jara ont un sens de l'appel de balle très aiguisé et un bon sang froid devant le but.


France – Portugal (1-0)

Samedi, n'ayant rien à foutre après en avoir pris une bonne avec mes collègues vendredi soir (ah les découvertes des joies de la vie professionnelle !), je reprends le chemin de Toulon. Promenade rapide du côté des plages pour constater que l'autochtone est plutôt très charmante, toujours bon à savoir pour les week-ends de solitude en attendant les touristes...

Un gamin m'halpague alors que je vais acheter mon billet. Un peu de marché noir à 5m des condés, allons-y. Malheureusement, le gamin a déjà vendu tout son stock de places en présidentielles, qui ont dû être offertes à ses potes et lui par le Conseil Général. Finalement, je reprends place en Bonnus latérale. Encore 10 ro.

Je suis un peu à la bourre, le match vient de commencer. Pas trop de mal pour reconnaître les Français, hormis Sako déjà vu à Delaune mais qui avait moins de cheveux. Les Français jouent en 4-3-3 tout comme les Portugais.

Les Bleuets commencent parfaitement le match. Sako fout régulièrement dans le vent son vis-à-vis lusitanien, N'Gog arrive à feinter les deux grands malabars en défense centrale portugaise mais c'est surtout Sissoko qui donne l'impulsion en début de match. Sur une action, N'Gog est sans doute accroché dans la surface par un tacle par derrière, mais l'arbitre ne bronche pas.

Le match continue sans heurts. Les Portugais sont fidèles à leur réputation: truqueurs, un brin chambreurs, capables de mettre de bons coups avec le petit Adrien en tête de gondole... Le genre d'équipe qui peut te démonter un vestiaire du côté de Clermont pour fêter une victoire, if you know what I mean.

Les Français finissent logiquement par ouvrir le score sur un corner de Sako repris de la tête par Sankharé du PSG (enfin du Stade de Reims ahah).

A la mi-temps, nous sommes salués par le bruit répété d'un ferry en partance pour Rome, selon un local. Je vois Obertan et Sertic saluer un mec en tribune : Matthieu Saunier, semble t-il en vacances...

La deuxième mi-temps est assez terne. Les Français ne jouent plus vraiment. Les deux Toulousains au milieu semblent cramés et font le minimum. Seul Sako, très en jambes, continue à foutre le boxon. Les entrées de Sertic et Obertan ne changeront pas grand-chose. Peu d'occasions, les deux gardiens Rui Patricio (Sporting) et Placide (Le Havre) ont guère de travail. Les Portugais auraient pu obtenir un péno pour une faute sur Fabio Coentrao. Mais nada. 1-0, la France est qualifiée pour les demies sans avoir forcé. Cependant, il se dégage une certaine cohérence dans cette équipe autour de la paire Capoue – Sissoko au milieu.


Les joueurs :



Côté français :

Placide : rien à branler. Un jeu au pied aléatoire. Physique impressionnant.

Bocaly : à la rue face à Candeias en première mi-temps. A loupé pas mal de passes faciles. Un peu plus entreprenant en deuxième mi-temps. Ca semble léger pour la L1.

Dervite : je l'avais jamais vu jouer et il m'a fait une belle impression. Solide dans les duels surtout aériens, très bon jeu de corps (l'école anglaise), propre dans la relance, un jeu long pas dégueu. Une sorte de Piqué à la française. Une bonne pioche pour un club de L1.

Sakho : a souffert de la comparaison avec Dervite. Bcp de déchets dans la relance, même avec son pied gauche...

Mbengue : du foot de quartier. Tactiquement limité, mais persévérant dans les duels. Techniquement très moyen.

Capoue : le patron au milieu. Met le pied quand il faut, oriente le jeu. Mais pas mal de déchets. Il semblait cramé en fin de match.

Sissoko : le détonateur. Le vrai 8 moderne. Capable de ratisser, orienter, apporter le plus devan. Grand avenir en perspective.

Sankharé : un peu passé inaperçu mais a planté alors bon... Sertic serait sans doute meilleur à sa place à gauche du trident axial.

Sako : l'homme du match. Excellent dans la percussion, de bons choix dans les passes, une frappe impressionnante (notamment un coup-franc de 40 mètres superbe). Il devrait pas faire de vieux os à Châteauroux, d'autant plus que 180 accréditations auraient été délivré à des clubs européens pour ce tournoi.

Kembo : moyen en ailier gauche. Techniquement pas mal mais peu d'impact dans le jeu. Les Bleuets ont privilégié le côté droit (Sissoko – Sako).

N'Gog : costaud dans les duels, bon dos au but. Rapidité d'exécution face au but assez exceptionnelle.



Côté portugais:

Rui Patricio : pas grand-chose à faire, peut rien sur le pion de Sankharé.

Pereirinha (Sporting) : le capitaine et latéral droit a pas amené grand-chose offensivement et il a paru en difficulté sur les quelques face à face avec Kembo.

Adrien (Sporting) : un mec assez classieux avec le ballon dans les pieds, très technique mais une sacrée putain, toujours en train de pleurer ou de mettre des brins. Une sorte de Didot.

Candeias (Rio Ave) : le clone de Simao en moins technique et moins puissant.

Ukra (Olhanense) : un ailier droit assez intéressant dans ses prises de balle.

Fabio Coentrao (Rio Ave) : son entrée a fait du bien au Portugal en tant qu'ailier. Très percutant.

Regula (Vitoria) : j'ai lu qu'il est annoncé à Lyon. Hé ben, c'est une énorme blague. Il est zéro.


Chili – Qatar (3-0)

Après ce match entre les Bleuets et les héritiers des Oeillets, je me demande si je vais rester pour le match suivant. Comme finalement, tu payes ton entrée pour le premier match mais tu peux aussi rester pour le second.

Je me dis qu'on est jamais à l'abri d'une bonne surprise et je suis assez curieux concernant la sélection du Qatar. Une vingtaine de supporters foutent le bordel dans les tribunes à base de cornes de brumes et de “Chi – Le ! Chi – Chi – Chi – Le – Le – Le ! Viva Chile !”.

Après 5 minutes de jeu, je suis convié en tribune centrale pour les besoins de la télévision : les plans de coupes sur les tribunes. Il est vrai que cette affiche n'a pas fait déplacer les foules, tout au plus une centaine de personnes.

Les Chiliens jouent en 3-5-2 en laissant libre le numéro 10 Cristobal Jorquera alors que le Qatar joue en 4-3-3.

Finalement, il n'y aura pas vraiment de match. Je l'avais vu venir pendant l'échauffement en constatant l'aisance technique des Chiliens alors qu'en face, l'entraîneur des gardiens semblaient par exemple beaucoup plus forts que ses deux protégés...

Les Qataris font illusion une quinzaine de minutes grâce aux ratés de Vargas (n°7). 1-0 à la mi-temps alors qu'il devrait déjà y en avoir 4. Je reste pour la seconde période parce que je me suis épris du 10 Chilien.

Et j'ai bien fait puisque ce dernier nous gratifie d'un récital en seconde période avec deux caviars à une touche de balle pour les deux derniers buts chiliens. 3-0, j'attends de les voir contre les Français.


Les joueurs :



Côté qatari :

de manière générale : des joueurs courageux, plus ou moins doués techniquement mais qui manquent cruellement de culture du jeu et de sens tactique

seuls Salem Saoud (n°10) belle technique, bonne vision du jeu et bonne couverture et Johar Alkaabi (n°5) costaud dans les duels et bonne lecture des phases de jeu ont réussi à donner le change



Côté chilien :

le fils d'Heinze est chilien. Il porte le numéro 6, est capitaine, se nomme Juan Abarca et joue à Huachipao. Incroyablement dur sur l'homme dans le bon sens du terme. A voir contre un mec de la trempe de N'Gog, Sako ou Obertan

Marcos Medel (Audax Italiano) : milieu relayeur avec un excellent jeu long grâce à son pied gauche

Vargas (Cobreloa) : double buteur mais un manque flagrant de technicité. Il aurait pu en mettre au moins cinq

Cristobal Jorquera (O'Higgins) : un joueur exceptionnel. Le vrai 10 à l'ancienne, toujours disponible. Joue pratiquement toujours en une touche de balle. Il voit le jeu avant d'avoir touché le ballon. Capable d'offrir des caviars en jeu court (2è but) ou long (3è). Vraiment énorme. J'attends de voir ce que ça va donner contre un 6 plus consistant comme Capoue mais c'est la belle surprise sur ce que j'ai vu.


Le Chili – France de lundi soir décidera du futur adversaire de l'Argentine en demi. Gare à la défaite !

Gigi.

4 commentaires:

  1. Putain Mic j'espère que t'as chopé un autographe de Nestor !

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  2. Bombi l'ami de tous les petits9 juin 2009 à 10:14

    t'es le meilleur batard.
    ya une suite?
    bisous

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  3. France - Chili en finale, faut y aller mon p'tit Gigi...

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  4. Y'a que des masses dans cette selection française.

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